Dans le Finistère, l’hôpital psychiatrique de Bohars va renaître grâce au projet architectural conçu par AIA, désigné lauréat du concours au mois d’avril 2022. La livraison est prévue pour la fin de l’année 2027.
Ouvert en 1975, l’hôpital de Bohars s’est rapidement imposé en Nord Finistère mais, aujourd’hui, sa conception ne répond plus guère à l’évolution des soins en psychiatrie. Obsolète dans sa forme, qui relève de la forteresse plus que du lieu ouvert sur le monde et générateur d’échanges, l’hôpital va disparaître et céder la place à une structure rebâtie sur le site existant.
Ce nouvel établissement s’implante sur une parcelle de 21 hectares et se déploie sur 10 485 m2 de SU. Doté d’une capacité de 197 lits, il se compose d’une agora, d’une zone médico-administrative, d’une unité de crise sanitaire, d’un internat, de trois secteurs dédiés aux adultes, d’un secteur de gérontopsychiatrie et d’un secteur de pédopsychiatrie. Les travaux seront réalisés en deux phases.
On pénètre dans l’hôpital par la rue du Tromeur. Une façade urbaine, destinée à intégrer l’établissement à son quartier, sans rebuter les patients ni brusquer les habitants, en signale l’entrée. Un parking paysager situé dans la continuité de l’espace public offre la possibilité du stationnement et favorise une gestion des flux distinguant flux de patients et de visiteurs, flux de personnels et flux logistiques.
Le bâtiment d’entrée, en R+1, abrite les fonctions logistiques et médico-administratives. Il est scindé en deux par un mail végétal parcourant le site selon un axe nord / sud qui permet un cheminement de l’espace social de la rue à celui, plus intime, de l’hôpital et du parc.
Traversant ce mail selon un axe est / ouest, l’agora constitue une singularité programmatique en même temps que la colonne vertébrale du nouvel hôpital. Elle est un véritable pivot autour duquel s’articule la vie hospitalière. Fondue dans le parc au moyen d’une structure de bois qui évoque les arbres environnants, baignée de lumière naturelle, elle connecte le paysage à l’intérieur du bâti, créant ainsi une fusion visuelle apaisante. Cafétéria, ateliers et city stade la ponctuent, achevant d’en faire un espace fédérateur.
Le secteur de soins, placé en aval de l’agora, présente un jeu sur la déclivité du terrain et dévoile plusieurs niveaux de rez-de-chaussée. Le choix d’une construction basse crée une linéarité rassurante à l’œil. L’hôpital n’écrase plus, il perd son allure de prison. Pour autant, afin d’éviter que la longueur induite par ce parti pris architectural ne crée une autre forme d’oppression, on a pris le parti de l’entrecouper de failles qui, faisant jaillir la nature au sein du bâti, brouillent les limites entre les espaces extérieurs et intérieurs.
En façade, l’architecture affiche une sobriété douce. Le choix se porte sur des matériaux durables – béton clair, habillage ponctuel de bois – et sur des châssis d’aluminium.
C’est à l’intérieur qu’on concentre les efforts pour recréer un environnement familier propre à donner le sentiment d’être à la maison. Les unités d’hébergement prennent la forme de pavillons. Les espaces partagés – salles de repas, salons des familles – y sont conçus comme des pièces à vivre de taille modeste à la décoration chaleureuse et détachée de l’univers hospitalier. On retrouve dans les chambres les codes hôteliers, l’emploi du bois et la vue ouverte sur la nature. Au dehors d’elles, des espaces de repli garantissent à chacun la possibilité de se mettre en retrait du monde. Partout, la lumière s’invite depuis l’extérieur. La disposition des secteurs de soins autour d’un jardin intérieur et celle des postes infirmiers permettent par ailleurs une surveillance passive et sécurisante des patients.
A Bohars se réinvente ainsi l’architecture du soin en psychiatrie. Ici, la qualité d’accueil des patients est corrélée à la qualité de vie au travail des soignants. La modularité des unités fonctionnelles – ouvertes, fermées ou étendues – répond aux exigences de flexibilité, tout comme la préservation d’une réserve foncière afin de prévenir d’autres évolutions.
Maîtrise d’ouvrage
CHRU de Brest
Maîtrise d’œuvre
Architecte : AIA Architectes – Studio Lorient
Ingénierie : AIA Ingénierie
Expertise environnementale : AIA Environnement
OPC : AIA Management
Paysage : AIA Territoires
Programme
Agora avec espaces collectifs : 531m²,
Zone Medico administrative : 1148m²,
Unité crise sanitaire : 338m²,
Internat : 291m²,
3 secteurs adultes : 4695m²,
1 secteur gérontopsychiatrie :1481m²,
1 secteur pédopsychiatrie : 1114m².
Surface(s)
10 485m² SU / 15 727m² SDO
Coût
33,7 M€ HT
Calendrier
Concours : lauréat Avril 2022
Livraison prévisionnelle : fin 2027