La Salle à tracer, Nantes

Awards, labels
Certification HQE Bâtiments Tertiaires, RT 2012 – 50 %
Certification HQE Excellent
Prix National de la Construction Bois 2018, dans la catégorie « Réhabiliter un équipement »

Situé en bord de Loire, le site du Bas-Chantenay est un territoire de renouvellement urbain repensé dans sa globalité par l’urbaniste architecte Bernard Reichen et Nantes Métropole Aménagement.
Le milieu d’accueil est un territoire postindustriel en mutation dont la fonction d’origine, datant du milieu du XIXe siècle (la construction navale de bateau en coque d’acier), s’est déplacée en 1969 vers l’Île de Nantes, pour ensuite rejoindre Saint-Nazaire en 1986.
Le marqueur du site et de l’histoire nantaise est la Loire, berceau géographique qui permet, depuis la Salle à tracer, un panoramique visuel, inprenable et d’une grande beauté sur le grand paysage urbain. Ici, l’architecture vit au rythme des étiages et ondées maritimes qui arrivent de l’ouest, dans un climat océanique, ponctué du passage des cargos.
La Salle à tracer est un bâtiment centenaire, emblématique de la construction navale nantaise (c’est par exemple ici que le Belem a été conçu et réalisé). Il était un bâtiment support de la production des navires. Sa fonction était le dessin à échelle 1 des gabarits de coques de bateau qui ensuite servaient de patrons à la découpe des tôles avant assemblage sur les cales.
Survivance de cette pratique, la Salle à tracer est une immense table à dessin de 800 m² d’un seul tenant. Les dessinateurs dessinaient les épures à même le sol, un plancher bois aujourd’hui classé au patrimoine nantais et dont la surface scarifiée, constellée de repères en laiton, porte l’empreinte de son activité révolue, emportée par la DAO.
Au-delà, le bâtiment porte la marque de son essence fonctionnaliste, réalisé par les ingénieurs des chantiers et sûrement sans architecte. Sa facture béton, assez rudimentaire dans sa fabrication d’une trame poteau/poutre, témoigne de l’essor de ce matériau « plein d’avenir » en ce début XXe siècle.
Plusieurs idées forces, croisées avec tous les acteurs du projet (le maître d’ouvrage Jacques Fétis, l’urbaniste Bernard Reichen, la ville de Nantes et la Direction du Patrimoine et de l’Archéologie) :
– la « simplicité » du bâtiment originel appelle un travail de réhabilitation « simple » et non tapageur qui vise à préserver la forme initiale et sa dimension industrielle ;
– pour conserver la force longitudinale de ce bâtiment-nef posé perpendiculairement à la Loire, le projet procède par extrusion « élémentaire » de sa forme iconique côté ville afin de signifier par un apport moderne la nouvelle adresse du bâtiment ;
– le projet révèle la grille structurelle béton telle qu’elle s’offrait en 1915 à travers une restauration méticuleuse et patiente des bétons largement corrodés ;
– le projet exacerbe le dispositif constructif en ruche dont chacune des alvéoles irrégulières reçoit un ensemble bois-menuiserie aluminium fabriqué en atelier et bardé d’un zinc naturel ;
– le projet préserve, pour un nouveau cycle d’usage, le plancher classé de la Salle à tracer en l’encapsulant d’un sur-plancher protecteur mais, en contre-partie, le donne à voir à travers des fenêtres de sol ou hublots.

Trois axes de résilience

Un dispositif passif bioclimatique qui utilise :
– l’eau de la Loire (géothermie) avec des nappes immergées pour capter les calories aquatiques hivernales ;
– le vent maritime (ventilation naturelle dans le courant d’air ligérien) pour tempérer les chaleurs estivales ;
– la lumière naturelle (châssis respirants et verre éléctrochrome qui permettent de réguler l’apport solaire).

Une frugalité constructive qui recycle :
– des matériaux biosourcés issus des filières bois et de récupération des vêtements (isolant Métisse porté par l’entreprise d’insertion Le Relais). Le volume de ces matériaux atteint 240 dm3/m², ce qui fait de la Salle à tracer un bâtiment bas carbone ;
– le plancher existant du niveau 1 pour « tapisser » le volume d’accueil côté ville et la charpente métallique d’origine « retapée » pour abriter le volume de toiture.

Un dispositif d’usage facilitant le travail collaboratif :
– à chacune des extrémités du bâtiment-nef (face Loire et face ville), des fonctions partagées (accueil, cafétéria, grandes salles de réunion ou de workshop) ;
– sur chacun des trois niveaux, un système mixte associant plateau paysager modulaire à l’ouest et espaces collaboratifs à l’est (petits bureaux fermables à disposition pour des réunions impromptues, des échanges téléphoniques ou des besoins d’isolement pour se concentrer).

Maîtrise d’ouvrage
Jacques Fétis – SCI Crucy

Maîtrise d’œuvre
Architecte : AIA Architectes
Ingénierie TCE + l’économie : AIA Ingénierie
Expertise environnementale : AIA Environnement
OPC : AIA Management

Programme
Réhabilitation et extension de la Salle à tracer (1915) des anciens chantiers navals Dubigeon pour accueillir l’agence d’architecture et d’ingénierie AIA Life Designers.
250 postes de travail collaboratif pour faire ensemble, toutes disciplines confondues, de l’architecture partagée.

Surface(s)
2 770 m² de surface de plancher répartis sur trois niveaux (RDC, +1 et +2) : 2 310 m² dans l’existant / 460 m² dans l’extension

Coût
6 M€ (coût travaux hors mobilier)

Calendrier
Livraison janvier 2017

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